Sinité du plan-séquence dans le cinéma chinois (Félicien Rioufol)

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"Il y aurait une sinité du plan-séquence chinois, une profonde interconnexion entre les traditions artistiques et philosophiques de la Chine et cette pratique cinématographique. Enraciné dans des concepts tels que le wuwei erwei et inspiré par l'esthétique du rouleau horizontal et du lavis. Le plan-séquence depuis ses débuts dans le cinéma chinois semble incarner une vision chinoise du temps et de l'espace. [..]"

"On peut aisément avancer que le plan-séquence dans le cinéma chinois est le fruit d’une fraternité avec l’international slow cinema représenté par des réalisateurs asiatiques comme Apichatpong Weerasethakul ou Lav Diaz. Ainsi ce n’est pas une filiation avec un passé traditionnel mandarin qui expliquerait cette surprésence du plan-séquence dans le cinéma chinois de la sixième génération mais une connexion avec une mouvance actuel dans le cinéma asiatique. Lorsque l’on étudie le plan-séquence comme un phénomène plus global dans le cinéma contemporain, on constate qu’il est irréductible à une spécificité chinoise.

Il semble impertinent de parler d'un slow cinema chinois ancré dans la tradition avec une poétique du plan-séquence propre, car ce mouvement cinématographique conceptualisé par Jonathan Romney est largement continental en Asie. Ce mouvement, caractérisé par une esthétique du plan-séquence, une lenteur contemplative et une attention particulière aux détails du quotidien, n'est pas propre à la Chine, mais se manifeste à travers différents réalisateurs en Asie du Sud-Est et d'Extrême-Orient.

Limiter le slow cinema à une spécificité chinoise néglige l'influence significative et l'interconnectivité du cinéma dans toute la région. Des réalisateurs de Thaïlande, de Taïwan, des Philippines et d'autres pays ont également contribué de manière substantielle à ce mouvement, créant une mosaïque riche et diversifiée de styles et de thèmes. Apichatpong Weerasethakul, incarne parfaitement les principes du slow cinema. Dans des films tels que Tropical Malady (2004) et Oncle Boonmee (2010), les plans longs et méditatifs crée pour développer une atmosphère de rêve et de contemplation semblent avoir influencé Bi Gan. [..]"


Félicien Rioufol ; La sinité du plan-séquence dans le cinéma chinois ; mémoire de recherche ENS Lyon ; Août 2024 

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