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Showing posts from February, 2011

Eléments Tarr (Arte)

"The Turin Horse" : Détail - Béla Tarr, éléments  de: Bertrand Loutte et Tom Weichenhain ( Arte , 10 Feb 2011) video 3' "Même sous la pluie, dans le vent, mon amour je t’attends" chantait Françoise Hardy en 1971. Et ces perturbations ne l’empêchaient pas de brûler pour son amant. On devrait fissa lui présenter Béla Tarr, le Hongrois rêvé. Ensemble, ils seraient dans leur(s) élément(s). Air, terre, eau, feu : revue de détail des quatre fantastiques, en cinq films (" The Turin Horse "; " Damnation "; " Werckmeister’s Harmonies "; " Satan’s Tango "; " The Man from London ").

Quattro Volte (critique contemplative) 4

LE PLAN "PERSONNAGE-PAYSAGE" Michelangelo Frammartino : "Une des questions du film est le rapport entre personnage et décor. Dans notre culture, l’homme est au centre de l’univers et les autres êtres constituent l’arrière-plan. C’est d’autant plus évident dans le cinéma, dont le langage est défini par la présence de la figure humaine dans le cadre. Un gros plan est un visage. Un très gros plan cadre les yeux et la bouche. Un plan américain étend le cadre jusqu’à mi-cuisse. Même un plan large se structure à partir de la présence de l’homme dans le paysage. Tout dépend de cette présence. J’avais envie de rééquilibrer le rapport entre la figure humaine et la végétation, les objets, les autres présences. Au début du premier épisode, le berger occupe le centre de la scène tandis que les animaux animent le fond. Ensuite le premier et l’arrière plan fusionnent, et les bêtes deviennent à la fin les protagonistes principaux. Les passages d’un épisode à l’autre sont précédés p

Temps, Saint Augustin, Gus Van Sant (Dekens)

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Olivier Dekens : Le temps désigne généralement le milieu indéfini, homogène et caractérisé par son irréversibilité, où se déroulent les événements naturels et l'existence humaine. Il faut toutefois poser immédiate­ment une distinction essentielle entre le temps physique et le temps subjectif. Le premier, toujours égal, linéaire et mesurable, permet de situer les uns par rapports aux autres les phénomènes naturels ; le second, le temps tel que le perçoit la conscience, est au contraire marqué par une dissymétrie entre le passé, qui paraît constituer une totalité inerte, et un futur par définition inconnu. Il semble difficile de concilier ces deux approches. Le temps est pour Aristote la mesure et l'être même du mouve­ment (Physique). Saint Augustin souligne le rôle de la conscience dans la perception du temps, et affirme que le présent n'est qu'un point de transition entre un passé qui n'est plus et un futur qui n'est pas encore ( Les confessions ). Le temps est

Turin Horse at Berlinale 2011

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A torinói ló (2011/TARR/Hungary) photo : Fred Kelemen Tarr Béla : "Normally, my films don’t have a message. The camera is an observer that captures the atmosphere of a moment and reacts to life. I don`t want to give the audience a message, I want to show it my image of the world. The camera has an objective point of view, I can only show you reality. Cinema is not like literature: It shows you only what is in front of the lense. You can`t fake it. [..] Nothing in my films is accidental. I hate contingency, mostly I know the whole film from beginning to end. When I close my eyes, I see the movie. I know what the script is, I know what the set is and I know who the actors are. If I change something, it is only to give the actors the opportunity to stay natural and spontaneous. I keep strict control over the camera work. [..] To me, actors are not really acting. I always tell my actors to do instead of playing. I as the director need to generate the right atmosphere for the

La pêche aux thons de Stromboli (Roelens)

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Stromboli (1950) de Rossellini, film du néoréalisme italien, avec un mode narration classique, n'est évidemment pas, dans son ensemble, un film que l'on pourrait qualifié de "contemplatif". Mais cette scène particulière, la pêche aux thons, intervient dans le déroulement narratif classique comme un interlude documentaire, sans direction d'acteurs, sans mise en place dialoguée. Une scène qui dénote par rapport au reste du contenu narratif de ce film. Une scène qui s'apparente aux expériences de montage d'Eisenstein peut-être. Les extraits de l'analyse qui suit, quoique centrée sur une lecture "polysensorielle" ou "synesthésique" révèle les pouvoirs narratifs autonomes d'une séquence purement contemplative : [..] La séquence de la pêche au thon (la fameuse cérémonie de la «tonnara») ferait basculer la diégèse, déjà chétive, dans le documentaire si elle ne constituait une épreuve qualifiante que la jeune femme s'impose à ell

The Hunter (Pitts)

Rafi PITTS (The Hunter)  par  Independencia Janvier 2010 - Interview 2e video : 6'15"  Partie 1  (3'05") - 2  (6'15") - 3  (3'44") - 4  (3'08") - 5  (6'30") Ecoutez aussi : Interview de Rafi Pitts par Michel Ciment (12 fevrier 2011, France Culture ) 59' [ MP3 ] Lire aussi : Lettre ouverte de Rafi Pitts à Ahmadinejad (29 décembre 2010) 

Sommaire 2010

CITATION ECRITE (41) Temps respecté (Martin) 31/12/10 Temps et récit (Ricœur) 30/12/10 La révolution du silence (Krishnamurti) 29/12/10 Passage à vide (Rollet) 27/12/10 Il faut attendre... (Bartas) 10/12/10 Immanent Hutton (Sitney) 09/12/10 Représentation du temps 14/11/10 Regarder (Desgoutte) 12/11/10 L'appel du vide 11/11/10 L'immensité intime (Bachelard) 12/10/10 Boredom  (Charney) 05/10/10  La lenteur (Kundera) 02/10/10 Winter Vacation (Thirion) 24/09/10 La poésie introvertie (Bal) 22/09/10 Minimalisme, Postmodernité et Arte Povera 08/09/10 Hypermodernisme 07/09/10 Lenteur cérémonielle (Le Monde) 31/08/10 Bored in Malaysia too 24/08/10 Boonmee contemplatif (Ganzo) 17/07/10 Contemplation d'autrui et plénitude 07/07/10 L'eau dormante (Bachelard) 02/07/10 Une philosophie des silences et des timbres (Bachelard) 01/07/10 Bad TS = Good CCC (Schrader) 27/06/10 Freedom market for La Libertad 29/06/10 Digital temporal magnitude

Le Presque-rien (Jankélévitch)

"Qu'est-il donc, pour l'optimisme, de la rebutante laideur? Par définition même la laideur, si elle est agogique, ne peut nous conduire que par les chemins tortueux de la feinte : la souriante beauté est parfois trompeuse, mais elle nous propose pourtant le sourire de sa vérité; la laideur, quant à elle, nous oppose l'obstacle supplémentaire de sa grimace; la grimaçante laideur doit donc s'interpréter a contrario. Si déroutante qu'elle soit, la laideur est somme toute une aporie superficielle; cet obstacle n'a pas empêché Platon de déchiffrer le chiffre transparent de la laideur socratique comme elle n'a pas découragé, le dernier discours du Banquet  en témoigne, la confiance d'Alcibiade dans l'harmonie de l'extériorité et de l'intériorité. [..] Surestimation de l'apparence aux dépens de l'essence Le prestige de l'apparence immédiate et de l'illusion optique, avec son clinquant, sa ferblanterie et ses miroitements, im

Quattro Volte (critique contemplative) 3

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LE PANORAMIQUE-SEQUENCE Le pivot du film à bien des égards, aussi bien sur le plan dramatique que stylistique, réside dans cette prise unique de la procession pascale. La caméra est perchée en hauteur (sur un toit, une muraille surplombante, ou en haut d'un pylône) donnant une plongée sur la rue en pente où habite le vieux pâtre. La camionnette des charbonniers arrive transportant Jésus et trois centurions vêtus d'une cape aussi rouge qu'une muleta. Le chien du berger aboie sans arrêt. Jésus charge sa croix sur le dos (une croix préalablement livrée là par la camionnette dans un plan antécédent) et court derrière la porte fortifiée où la procession va commencer. La rue déserte s'agglutine de badauds, certains costumés, d'autre non. Tout se passe sous la fenêtre du berger. Le plan précédent s'est clos la nuit passée alors que le berger tambourinait à la porte de l'église, possédé par une quinte de toux irrépressible. Aucune nouvelle de lui depuis. Jusqu'

CCC20012010

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