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Showing posts from January, 2011

Quattro Volte (critique contemplative) 2

LENTEURS PLURIELLES Sujet exemplaire, donc, pour isoler le caractère contemplatif de la mise en scène, et ce en dehors des parasites de la narration classique dont les résidus encombrent toujours plus ou moins les films dits "lents" qui ne comportent que schémas traditionaux ralentis. Une simple lenteur ne modifie en rien le modèle académique. Il y a la lenteur primitive de Lumière, la lenteur syncopée du Kino-Pravda, la lenteur classique de Hollywood, la lenteur mélo du néoréalisme, la lenteur métaphysique de la "Modernité", la lenteur posée du Cinéma Direct, la lenteur animée du Cinéma Vérité, la lenteur descriptive du documentaire, la lenteur décomposée du "Montage à contrepoint", la lenteur Postmoderne, et enfin la lenteur contemplative.  Ces formes ont en commun d'être lentes, mais lentes différemment en nature. Une nature spécifique qui se traduit dans un style esthétique et syntaxique remarquable. Les films de ces divers courants ne se singula

Do nothing for 2 min

Are you fit to watch contemplative films? Don't click here if you're a bored critic.

Fabrique du temps

Le cinéma, art du temps Les films adorent jouer avec le temps, l'éclater, le ralentir ou l'accélérer. Pour notre plus grand bonheur, le cinéma voyage dans le temps. Traversée du temps jouissive ou Jour sans fin cauchemardesque, le 7e art décompose le temps, machine toute-puissante capable de nous replonger dans le passé ou de nous propulser dans un avenir lointain. Le cinéma recompose le temps à sa guise, pour nous faire éprouver sa durée ou le suspendre. Michelangelo Antonioni, le temps d'une Eclipse , ou Gus Van Sant ( Elephant ) expérimentent, prouvant la richesse infinie du cinéma en ce domaine, imposent une "image-temps", pour reprendre l'expression de Gilles Deleuze. Le philosophe voyait dans Citizen Kane le premier grand film d'un cinéma du temps, la construction en flash-back permettant de faire coexister différentes "nappes de passé". Deux autres grands cinémastes du temps sont fortement présents dans le cycle. Alain Resnais, pour

Elephant GVS (Bouquet)

Cours de cinéma de Stéphane Bouquet : "Elephant" de Gus Van Sant 14 Jan 2010 ( forumdesimages ) 1h15' Lire aussi: Temps, Saint Augustin, Gus Van Sant (Dekens)   Gus van Sant on Béla Tarr To cut or not to cut... (Klinger/Rousseau) Sabouraud a minima 1 - 2 - 3  

Quattro Volte (critique contemplative) 1

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Le Quattro Volte (2010/Frammartino/Italia) website officiel [ PDF ] Cannes 2010 - Quinzaine des réalisateurs PROLOGUE D'abord des battements étouffés, indistincts, réguliers. Un homme juché sur une butte de terre noire, assomme le monticule à dos de pelle. La terre lugubre remplit le champ. Et puis, au plan suivant, nous voilà à l'intérieur de la meule; l'écran s'est éteint complètement; les coups sont estompés, comme provenant d'outre-tombe.  Le monde minéral est aveugle et presque sourd. On ne sait pas encore qu'il s'agit d'une charbonnière. La scrutation attentive du pourtour raconte par morceaux une facette insoupçonnée du sujet absent. L'essence du portrait en creux. Ce film bucolique débute dans les entrailles du sol, analogie maternelle à la matrice terrestre. Une évocation de l'infra-monde semblable à l'ouverture du Cremaster 3 (2002) de Matthew Barney, ou d' Hic! (2002) de Gyorgy Palfi. Dichotomie tellurique du dessou

Grande Syntagmatique (Metz)

Le plan séquence et le récit minimum Essais sur la signification au cinéma , tome 2, 1972, Problèmes sémiologiques, Ponctuations et démarcations : Christian Metz : Toutefois, il arrive également que chaque plan soit séparé du suivant par un effet optique. Ainsi, une longue marche dans le désert sera évoquée par une série de plans montrant (pour peu de temps chaque fois) le voyageur à un point différent de sa pénible progression, et chacun de ces profils se résorbera dans le suivant à travers un fondu-enchaîné. Dans les constructions de ce genre, les segments compris entre deux enchaînés (surtout s'il s'agit de plans assez simples) sembleraient se rapprocher, par leur étendue syntagmatique, de ceux que la langue écrite encadre entre deux ponctuations (phrases ou propositions). Mais cette équivalence , de toutes façons peu convaincante, ne résiste pas à l'examen : on a affaire ici à un type de montage bien particulier (que j'ai appelé ailleurs, fréquentatif ou du

New possibilities in film language (Tarr)

Tarr Béla : “I’m able to tell you only one thing. What we are trying to do is more and more and more pure cinema, which is maybe less and less and less story, less and less details, and of course, I really would like to go deeper and deeper and deeper in the human soul. I want to understand something because I’m always just discovering, discovering, discovering something, some new thing, some new possibilities in the film language. Of course, I keep some things but I’m always finding new things I can use. I really like to listen to people. I don’t like the artificial anymore. I want to go in like a miner, deeper and deeper. That’s what I think. That’s why I think I can do it always in one way if I’m more and more simple. What we are doing, it’s really on the edge. It’s a risk.” cited at Cine Foundation international  (not to confound with Cinéfondation ), date unknown.

Sofia rencontre Chantal

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Sofia Coppola : " Somewhere est un film modeste, silencieux, minimaliste. [..] Ma rencontre avec le chef opérateur Harris Savides fut déterminante. Nous avons discuté de nos goûts, il m'a montré Jeanne Dielman de Chantal Akerman. Cela m'a incité à écrire un script dans un style très simple, sans effets de caméra. J'ai été frappée par le travail d'Harris avec Gus Van Sant, surtout dans Last Days ."

Projet Haiku (Buffalo corp)

Projet Haïku   ( BuffaloCorp ) 7'06" Réalisation : Cisko K., Morgan S. Dalibert, Thibault Mombellet, Dominique Rocher Haïku : [d'origine japonaise] Forme poétique très codifiée, brève, et à forte composante symbolique. Des poèmes japonais brefs, illustrés en quelques plans oniriques. Des images captivantes de pureté et de force, des comédiens aussi beaux que justes, une puissance d'évocation irresistible... Voilà "Haïku", le film lauréat du prix Court Expérimental . [..] Collectif de réalisateurs et de techniciens, né association, Buffalo Corp. aborde la réalisation via des "sessions artistiques" qu'on comprend... fructueuses. [..] Voir aussi Bouquet for Basho (Mehra)  

Wasted time (Romney)

Jonathan Romney (S&S, Feb 2010) : "In recent issues of this magazine, Nick James has commented sceptically on the reverence accorded to such cinema, and on the assumption - not uncommon on the festival circuit - that cinephilia is synonymous with a commitment to it. True, staking one's colours to austere cinema can allow critics to flaunt their aesthetic and moral seriousness. But it is also understandable why critics (myself included) seized eagerly on such films. In part, it is because the codes of commercial cinema have ossified, offering so much less scope for interpretative pleasure than, say, in the 1980s and early 1990s, when there was, at least, a genuine cultural-studies thrill to be found in responding to an energetic and rapidly changing mainstream." Last year, Sight and Sound surveyed the unfinished first decade  of the XXIst century , and concluded that there were too many "slowish films" on their top30... Instead of embracing this inevitable f