Perdre son temps (France Culture)
France Culture : (Les tyrannies de l'urgence ; La philosophie à l'épreuve du temps) Prendre son temps, est-ce le perdre ? Podcast radio 58' (6 novembre 2025)
"Et si la sieste était autre chose qu'une pause au service de la performance ? Et si la flânerie, attitude travaillée par de nombreux écrivains, était une vraie résistance contre les tyrannies modernes de l'urgence ?
Avec :
- Sébastien Spitzer, ecrivain, essayiste
- Catherine Nesci, professeure de littérature comparée et d'études françaises à l'université de Californie à Santa Barbara
- Jean Tain, agrégé et docteur en philosophie de l'École Normale Supérieure de Paris
Il paraît que faire la sieste nous fait le plus grand bien, même si certains disent se réveiller dans un état peu agréable. Et puis, certains n’y arrivent tout simplement pas. Mais il est d’autres figures de résistance aux injonctions de vitesse que notre société nous envoie. D’autres contre-pieds à la tyrannie de l’urgence."
"Le flâneur, une figure à la fois polymorphe et flottante qui veut saisir l'essence du monde nouveau
Flâner, c'est jouir, écrivait Balzac, dans sa Physiologie du mariage, en 1829. Mais flâner n’est pas seulement jouir. Comme Balzac le dit aussi "flâner est une science". C'est cette figure du flâneur d'avant Baudelaire qu'évoque Catherine Nesci. Ce flâneur populaire incarne le dynamisme de la nouvelle culture urbaine. "Il apparaît – relève-t-elle - un peu comme le personnage invisible qui observe la ville autour de lui, essaie dans son anonymité, de redonner un sens à cet espace urbain qui est pour les contemporains tout à fait hétérogène". Le flâneur répond à un monde déconcertant. Sa figure est à la fois polymorphe et flottante ; il veut saisir l’essence du monde nouveau."
"Le flâneur n'est pas le badaud
La littérature du XIXe siècle, que lisait Walter Benjamin, propose une distinction entre le badaud et le flâneur. Selon Jean Tain, "le badaud se laisse fasciner par une vitrine, par un phénomène, voire par une femme, alors que le flâneur lui, est créatif dans son regard". Le regard peut être créatif, et non simplement fasciné ou absorbé. Le flâneur peut jouir de la foule, comme dit Baudelaire, mais sans s'y identifier, sans être prisonnier d’un phénomène de masse."

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