À la folie (WANG Bing) critique FRANÇAIS

Le dernier film de WANG Bing, Jeunesse (le retour) est en compétition au festival de la MOSTRA à Venise! Et fin juillet, toute sa filmographie a été bannie par le Parti en Chine car, officiellement, sa sélection en compétition s'est faite sans l'aval du Parti. J'espère qu'il se porte bien et pourra continuer son œuvre cruciale et magnifique.

Voici un chapitre sur son film À la folie, un extrait de mon futur livre sur le Cinéma Contemplatif...






À la folie

2013 – WANG Bing

Chine – DOC – 227min




SÉQUENCE D’OUVERTURE

L’ombre rectangulaire d’une fenêtre barreaudée se projette sur un coin de mur contre lequel gît un lit de prison recouvert d’une couette boursouflée. A droite, le pied d’un autre lit vient se presser au premier. Les murs devaient être blancs à l’origine, les draps aussi… Un gloussement se fait entendre hors champ par intermittence. La caméra panote vers un homme assis dans un lit voisin, à demi-nu. Alors qu’une ombre s’allonge sur la couette qui gigote, une main vient arracher celle-ci pour découvrir deux dormeurs qui se mettent à râler. L’importun, tout en gloussant, s’échappe par la porte où passent des têtes curieuses. L’homme nu, après une pause, s’habille debout sur son lit, et sort. Les deux dormeurs sont redressés sur leur lit, hagards, la tête baignée de soleil.


LA PRISON

Nous voilà plongés dans la normalité d’une prison chinoise, celle d’un hôpital psychiatrique de la région déshéritée du Yunnan. Âpre réalité refoulée. Le documentariste WANG Bing s’est invité à vivre aux milieu de ces individus, des heures durant, autour du Nouvel An Chinois (janvier-avril 2013). Il navigue librement sur la coursive qui sert de circulation publique entre les chambres, la salle de télévision, le point d’eau, les bancs. Uniquement dans l’enceinte des hommes, au deuxième étage. Il passe de chambre en chambre à la suite de l’un ou l’autre des pensionnaires. Les portes rouillées ne freinent pas même les courants d’air hivernaux, ni le jour, ni la nuit. C'est-à-dire que les patients violents et non-violents, bourreaux et victimes, cohabitent dans un seul et même espace communautaire.

Cette image morcelée d’une architecture est rapiécée à mesure des déplacements de la caméra, rivée sur un plan horizontal, tel un chien creusant son sillon en bout de corde autour d’un piquet.


UN PARCOURS DE SANTĖ

Au bout de 20 minutes de film, un jeune détenu hyperactif, Ma Jian, se prend l’envie de courir un footing en pleine nuit. Il se met torse nu et WANG Bing s’élance après lui sur la coursive désertée. Quatre tournants à gauche et nous revoilà au point de départ. Cette course folle, en deux ou trois plans de nuque, fait office de visite des lieux sans parole. Un relevé topographique kinétique à la mode contemplative, sans jamais échapper aux barreaux. Un principe qui voudrait que le film soit emprisonné comme tout le monde.

Soudain, jetant un œil derrière lui pour vérifier s’il était toujours filmé, il s’écrit : « Il va me tuer ! ». La réplique d’un cinéma de genre, afin de donner le change. Parti pour 20 tours, il se lasse – ou s’épuise – terminant un tour en marchant. « J’ai l’impression de voler » avoue finalement ce lion en cage. Il se rhabille haletant dans la salle de télévision où tout avait commencé.

À propos de cette séquence, Wang Bing explique : « Par exemple, il y a une manière de filmer qui renvoie au sentiment qu’on assiste en spectateur à la scène ou comme s’il n’y avait pas de connexion avec le personnage. On peut également filmer de manière à être vraiment proche du personnage, au plus près de lui, comme si la caméra était avec lui. Dans cette scène-là, ce personnage a voulu s’éloigner de moi et il a voulu sortir de cet endroit.[…] On perçoit ce qu’il pense au début de la course puis les changements de sensation qu’elle provoque et de nouveaux sentiments une fois qu’il s’arrête. » [Sous la direction de Caroline Renard, « Wang Bing, un cinéaste en Chine aujourd’hui » ; 2014]

Un sous-titre signale pour Ma Jian 5 mois d’internement, et il ne songe qu’à rentrer chez lui. Il enfreint les règles de réclusion en criant son désir de sortir, en courant la nuit, en cassant un lit, en respirant la vie… D’ailleurs, peu après, une piqûre viendra le mettre au lit comme les autres, pour punir ce sursaut tabou de vitalité.

Désormais il devient possible d’identifier allées et venues, portes et recoins, dans ce mystérieux labyrinthe Piranésien, en appréhendant la mesure de leur confinement.


ARCHITECTURE CARCÉRALE

Il apparaît que ce bâtiment s’organise autour d’une cour carrée centrale. Il s’élève sur trois niveaux : un rez-de-chaussée dont on ne voit que le réfectoire sommaire – et jamais le personnel soignant qui y réside – un étage pour les femmes, présumé identique à celui des hommes, et l’étage où filme WANG Bing. On aperçoit aussi brièvement de hauts immeubles voisins, avec vue sur la cour. Les coursives à chaque étage, moins larges qu’un mètre cinquante, suivent le périmètre de la cour et offrent un passage ininterrompu à travers tout l’étage. Les plans de couloir longitudinaux (fixes ou en travelling) sont des perspectives étroites enserrées de part et d’autre par des frontières infranchissables. Muraille côté chambres, grille côté cour. La muraille est percée d’une porte et d’une fenêtre à barreaux pour chaque cellule. L’épaisse grille (non vitrée) réunit sol et plafond. D’autres fenêtres avec barreaux percent, dans les chambres, l'enceinte extérieure. Mais cette vue, offerte debout sur un lit, n’est jamais donnée.

Une centaine d’hommes vit dans de petites chambres à cinq ou six lits sommaires – point de lits superposés. Autant de femmes, en dessous, qu’on entend parfois, qu’on voit peu. Au coin de la coursive quadrangulaire un escalier barré d’une grille – seul passage pour descendre aux heures des repas. La cour elle-même semble inaccessible aux locataires du deuxième étage qui mangent leur bol de riz debout (ou accroupis) dans une cour fermée du rez-de-chaussée.


PATIENCE & IMMOBILITÉ

Quand il ne suit personne, WANG Bing pose sa caméra au chevet d’un dormeur, laisse se dérouler l’inattendu ou passer le temps. Sur 300 heures de rushes [Entretien réalisé par Nicolas Thevenin et Tifenn Jamin ; Répliques n°4 ; 2014] (filmées par WANG Bing et son acolyte LIU Xianhui), il en monte en définitive un peu moins de 4 heures... Sa monteuse et lui-même n’ont sélectionné que les passages les plus « intéressants », mais pas nécessairement les plus spectaculaires… Pourquoi filmer autant ? Pourquoi couper autant ? Impossible ici d’échapper à l’enclos de la durée, de l’attente infinie, de la répétition invétérée, pour faire ressentir viscéralement au spectateur le sujet du film. Un film contemplatif, passe par le temps ; son inertie, sa pesanteur, son moment.

Le jovial Wu Shensong (3 ans d’internement), toujours coiffé de son bonnet Adidas troué, est filmé longtemps sur son lit à ne rien faire. Il tourne et se retourne. Il réarrange son lit, ses affaires. Il se couche, se relève, se recouche, puis sort. Une autre fois, il écrit longuement au Bic sur sa jambe, ce qui fera beaucoup rire ses voisins. Ayant reçu deux injections pour des raisons inexpliquées, Shensong se retrouve accroupi dans le coin d’une chambre à fixer le vide, tel un « zombie ». Là encore, il est filmé de longues minutes, alors que les autres patients enragent (pas vraiment par solidarité). Ils ne supportent pas de se voir renvoyer une image de leur propre déchéance. Plus tard, en état catatonique, il sera transporté comme un cadavre jusqu’au lit le plus proche, dans l’attente d’un diagnostic opportun.


PROMISCUITÉ & COHABITATION

Frigorifiés, affamés, souffrants… leur vie est un calvaire. WANG Bing ne recherche pas l’esthétisation de la pauvreté, il filme au plus près, avec eux. Cependant ces gens sont privés de toute forme d’intimité, solitude et indépendance. Certes c’est une prison pour délinquants, mais c’est aussi un hôpital. Certes ils sont dangereux pour autrui ou pour eux-mêmes, mais ils sont aussi malades. Ils sont filmés comme du bétail (file indienne pour les médicaments, manger à même le sol, nudité à la toilette…). Leur humanité a été mise à nue, dont il ne reste qu’une animalité fragile.

Quelque répit d’une certaine tendresse fait ressurgir leur humanité. Contre une cigarette et un mégot à moitié fini, Song Shenyong (20 ans d'internement), un des plus vieux et des plus anciens, lave les pieds d’un congénère dans une bassine d’eau chaude, et lui renfile ses chaussettes. La façon dont Zhao Jiaping (10 ans d'internement) jette ce mégot encore allumé aux pieds de celui qui vient de lui rendre service, en dit moins sur le mépris que sur l’absence de manière entre ces hommes. Shenyong, accroupi face à lui, le ramasse, l’éteint et l’empoche immédiatement sans regarder Jiaping dans les yeux. Le degré zéro des relations humaines, quand, au bout de 10 ans de vie commune fortuite, communiquer n’a plus de sens, ni de nécessité. La moindre parole est une souffrance. Economisant sa salive, Jiaping signifie en un seul geste qu’à terre, ce mégot il n’en a plus besoin, que Shenyong peut en prendre possession.


LA DISTANCE JUSTE

Antony Fiant note : « Tournant À la folie, Wang Bing ne s’embarrasse pas de précautions, prenant son sujet à bras-le-corps dans un espace restreint où il agit en toute liberté, au risque de l’insoutenable, accumulant un matériau important. […] Ce sont bien ses qualités de cinéaste, son tact, sa capacité à trouver la bonne distance sans le moindre coup de force qui permettent à Wang Bing d’éviter l’indécence et l’insoutenable […]. » [Antony Fiant, « Wang Bing, un geste documentaire de notre temps » ; 2019]

Au prix de longues conversations, de partage et de vie commune, WANG Bing gagne la confiance de ses sujets, si bien qu’il devient invisible parmi eux et peut obtenir de longs pans d’un comportement candide et naturel (sans regard caméra, sans apostrophe avec le caméraman, mais c’est aussi la ressource d’un tel métrage de rushes).

WANG Bing filme des contrechamps à une seule caméra dans le même élan. Il coupe quelques secondes où a lieu le retournement de la caméra et recolle à l’angle suivant. Recréant ainsi une continuité narrative dans le même souffle, sans la confusion d’un panoramique hâtif.


DOCUMENTAIRE & FOLIE

Une fenêtre sur la folie rarement ouverte… Il y a bien Titicut Follies (1968) que Frederick WISEMAN (pionnier du cinéma contemplatif) capture sur pellicule au sein de l’institution correctionnelle du Massachusetts de Bridgewater aux États-Unis. Son film, banni pendant 24 ans, reflète une ère archaïque de la médication par des neuroleptiques de première génération aux effets secondaires terrassants. Il y a Le moindre geste (1971) de Fernand DELIGNY, psychiatre français, à sa clinique ouverte de La Borde dans les Cévennes, sur l’escapade d’un jeune autiste en proie à ses propres déficiences. Il y a aussi San Clemente (1982) ou Urgences (1987) ou 12 jours (2017) de Raymond DEPARDON tournés respectivement dans l’asile psychiatrique éponyme de Venise, aux urgences psychiatriques de l’Hôtel-Dieu à Paris et à l’hôpital Le Vinatier à Lyon. Il y a enfin Mental (2008) et Zéro (2020) de Kazuhiro SODA, un dyptique observationnel capté en numérique dans la micro clinique libertaire du professeur Yamamoto qui traite ses patients en ambulatoire, par empathie. Tous des documentaristes contemplatifs.

Le parti pris de notre présent auteur est de ne jamais filmer la souffrance, ni les bagarres, ni les délires. Ainsi l’institution ressemble-t-elle davantage à une prison classique qu’à un hôpital. Antony Fiant remarque que seul WANG Bing est autorisé à filmer de nuit. Une précieuse opportunité qui fait de son film un témoignage unique sur l’ordinaire des « fous ».


LE QUOTIDIEN : RÉPÉTITION & FAMILIARISATION

Aucune idée du rythme circadien à l’intérieur de ces murs coupés du monde. Les ampoules sont éclairées en permanence (d’ailleurs WANG Bing capte en lumière disponible, même de nuit, grâce au numérique). Les lits servent à toute heure, des semaines entières parfois, même s’il est impossible de fermer l'œil au milieu du brouhaha perpétuel des insomniaques. Seuls repas et prises de médicaments marquent des repères temporels. Les séquences respectent la chronologie du tournage et s'inscrivent dans une alternance jour / nuit, offrant un semblant de continuité par répétition dans la durée (quand bien même des jours les séparent).

Plusieurs visages ou démarches particulières se détachent du lot et reviennent comme une rengaine, nous familiarisant ainsi avec eux. Si ce défilé de personnages donne l’impression d’une foule anonyme, un revisionnage du film révèle l’ingéniosité du montage. Chaque poursuite d’un personnage en introduit un ou deux autres, qui sont à leur tour explorés en profondeur lors d’une séquence suivante. Leurs traits, leurs gestes, leurs habitudes, même leurs voix se font compagnons de route. À force de veille attentive sans commentaire, les spectateurs cèdent à la sympathie, s’attachent, s’inquiètent, se préoccupent. Une compassion consentie. Et on aime à retrouver un visage familier quelques séquences / jours plus loin.


L’ORDRE ET LA RAISON

Les docteurs tout de blouses blanches vêtus, incarnent l’autorité sèche et indifférente, comme autant d’insaisissables geôliers. Hélés au travers des barreaux, sans arrêt pris à parti ou réclamés, ils ne sont guère à l’écoute. Ce rendez-vous reporté sine die, tant et si bien qu’une piqûre s’impose comme panacée, et le sommeil comateux comme réponse à tous les problèmes. Une camisole chimique trop commode qui fait des ravages parmi les neurones de ces esclaves médicaux. Pourtant les patients sont résignés et accueillent le plus souvent la seringue sagement assis.

La prise de pilules est réglementée par la suspicion : avaler, boire une gorgée, tirer la langue, boire à nouveau.

Yi Tianxin (1 mois d'internement seulement) s’est retrouvé menottes dans le dos, comme un forçat, après avoir proféré des menaces à l’encontre des médecins. Comme dans le cas de Ma Jian, c’est le tabou brisé qui déclenche une remise au pas. Menotté derrière les barreaux : double peine ! Une tentative totalitaire de briser les esprits acharnés sitôt arrivés. Incapable de dormir allongé, les poignets en sang, il supplie en vain le médecin de garde affalé de tout son long dans leur salle de télévision.


LA FUREUR ET LA PAROLE

Les jours résonnent de ricanements sonores. Les nuits sont ponctuées de gémissements sordides. Les pieds traînent lourdement par terre. Les portes massives grincent lancinantes. La télévision braille sans discontinuer. Certains se mettent à chanter des chansons populaires aux paroles naïves et ampoulées. Peu de calme et de sérénité en somme. Une ambiance sinistre peu propice à la guérison, si tel était le but de cet enfermement.

Ce sont surtout migraines, vertiges, maux de dents, maux de dos qui animent les plaintes dispensées à la cantonade. Des maux non sans rapport avec les effets secondaires du traitement chimique. Autrement, les pensionnaires aiment à évoquer le passé, avant, le dehors, comme un continent distant. Les conversations ont trait à l’argent, au coût des choses, aux familles, au retour à la maison… Toutefois, les occasions de converser sont rares. Manque d’envie, de volonté, de sourire. Ils restent emmurés dans leur silence à ruminer les sombres pensées qui encrassent leurs cerveaux.


CONTACT AVEC L'EXTÉRIEUR

Cette prison n’est pas complètement hermétique. Les familles ont le droit de visite, si elles y sont disposées. Et lorsqu’une mère, une épouse, une fille se montre à l’étage des hommes, le spectacle ne passe pas inaperçu… Tout un chacun tient à regarder la nouvelle venue, sous toutes les coutures, écouter les nouvelles de la ville, chaparder des cigarettes ou un fruit…

Meng Youlian, en épouse fidèle, revient fréquemment (3 fois dans le film). Elle est respectée de tous, malgré l'irasciblilité de son mari, Ma Yunde (12 ans d'internement), qui la bombarde d’invectives pour qu’elle s’en aille. Elle tient bon, et refait son lit, ou le revêt d'habits propres. « Tu ne peux pas rentrer à la maison. C’est trop de travail de t’avoir à la maison. » Elle se refuse immanquablement à signer son bon de sortie, car ses enfants se souviennent encore d’être roués de coups. Nous sommes invités à prendre parti, sommairement, pour l’un ou l’autre.

Élégamment, elle apporte un sac de mandarines – trop de mandarines pour un seul homme – et laisse Ma Yunde en organiser la distribution pour se faire des amis. Ils se pressent en nombre pour le plaisir de dévorer un pur morceau de Nature, frais, neuf, propre… tout ce qui leur manque ici-bas. Il en reste même une pour elle, qui l’accepte avec émotion : « Je croyais que tu ne me le proposerais jamais... » Un simple geste qui renoue, à l’intérieur de ce couple séparé, avec un souvenir du passé.

Le spectacle des permissions est très couru aussi. Tout le monde sur le pont pour saluer l’élu qui quitte les lieux. On lui souhaite bonne chance, on le félicite, on réclame de la nourriture importée de l’extérieur. 

Mais le discours des prisonniers reste le même dans les deux cas, animé d’une bravoure qui ressemble à la honte : « Nous sommes bien nourris. Nous nous entendons bien avec les camarades de chambre. Ne vous inquiétez pas pour moi. » Alors qu’ils passent le plus clair de leur temps à insulter les médecins, qu’ils mangent n’importe quoi, qu’ils se chamaillent entre eux…


L’AILLEURS : LA MISÈRE DANS LES FAMILLES

Après 3h de film, Zhu Xiaoyang (11 ans d'internement) échappe aux barreaux pour une permission de dix jours. Sa mère est venue le chercher à l’occasion du Nouvel An Chinois. Il n’était pas sorti depuis un an. La caméra le raccompagne chez lui : une bouffée d’air d’un quart d’heure ; une respiration au goût amer. Là-bas, l’homme est sermonné par sa vieille mère et ignoré par un père bourru. Comme à l'hôpital, emprisonné par ses habitudes, il dort toute la journée, ou bien marche en rond. Il goûte à la liberté en parcourant les chemins du quartier, sans but, sans exaltation, sans hâte, machinalement. Marcher, toujours marcher, pour penser moins. Au bout d’une route où les lampadaires n’éclairent plus, WANG Bing laisse s’éloigner Xiaoyang dans les ténèbres qui l’habitent, après l’avoir longuement suivi où qu’il aille.

La vérité est que le coût de l’hospitalisation pèse comme un lourd tribut sur ces familles dans le dénuement le plus extrême ; que s’occuper d’une bouche supplémentaire à nourrir, le surveiller comme un enfant est au-dessus de leurs moyens. Selon WANG Bing : « Au sein d’une famille on peut se sentir seul au point d’avoir l’impression de ne pas exister, tandis que ceux qui vivent dans un asile font partie d’un groupe ; ils sont accompagnés. On prend soin d’eux, ils font des rencontres, tissent de nouveaux liens… » [Emmanuel Burdeau, Eugenio Renzi, « Wang Bing, Alors la Chine », 2014]




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