Chiarini on neorealism

In the 1993 book Teorie del cinema (1945-1990) (French translation, italicised passages are direct quotes from Chiarini), Fransesco Casetti relates the position of Italian critic Luigi Chiarini on neorealism :
Le spectacle est une aire composite où dominent la splendeur scénographique et la volonté de raconter, l'attrait du public et le jeu de la fiction. Nous sommes dans la tradition de la mise en scène théâtrale, à qui le cinéma offre de nouvelles et plus amples possibilités techniques. Choisir au contraire la voie du film pur signifie renoncer aux filtres traditionnnels, c'est-à-dire à la fiction, à la narration et à la mise en scène et instituer un rapport direct avec la réalité. C'est la voie du néoréalisme, qui récupère ainsi la leçon qui était à l'origine déjà de celle de Lumière. Toutefois rapport direct à la réalité ne signifie pas absence de médiations : au metteur en scène revient toujours le devoir de réélaboration créative des données de départ. Simplement, il ne doit pas trahir le fondement photographique du film, comme cela arrive quand à la prise de vue se superposent des schémas préétablis. Il faudra au contraire reconnaitre le rôle joué par la caméra, et lui demander de collaborer à l'exploration du monde; mieux il faudra consentir à la caméra de fixer elle-même les événements, jusqu'à "agir à son tour sur l'homme" et à indiquer à ce dernier comment représenter le monde qui l'entoure.

Cet équilibre de réélaboration créative et de respect pour le fondement photographique du film constitue l'élément caractéristique du cinéma par rapport aux autres arts, son trait distinctif, sa "spécificité". S'opposant à l'idée que l'essence du film réside dans des facteurs tels que le montage, Chiarini rappelle que sa caractéristique fondamentale consiste au contraire "dans la possibilité d'élaborer artistiquement, sans médiations littéraires ou théatrales préalables, un matériel encore informe du point de vue esthétique" : en un mot, dans la capacité de surprendre le réel et de le mettre en forme sans en trahir ni l'esprit, ni la lettre.

(Luigi Chiarini, Discorso sul neorealismo, 1951 / Spettacolo e filmo, 1952)

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