La révolution du silence (Krishnamurti)

La méditation est la fin du langage. Le silence ne peut pas être provoqué par la parole, le mot étant la pensée. L'action engendrée par le silence est totalement différente de celle que provoque le mot. La méditation consiste à libérer l'esprit de tout symbole, de toute image, de tout savoir. [..]
La médiation est l'action du silence. Nos actions émanent d'opinions, de déduction, de connaissances ou d'intentions spéculatives. Elles aboutissent nécessairement à des contradictions agissantes entre ce qui est et ce qui devrait être, ou ce qui a été. L'action qui émane du passé qu'on appelle le savoir est mécanique. Elle est capable de s'adapter et de se modifier, mais ses racines demeurent dans le passé. Ainsi l'ombre du passé recouvre toujours le présent. Dans ses rapports, une telle action résulte d'images, de symboles, de conclusions; les relations deviennent alors des choses du passé, extraites de la mémoire, et non de choses vivantes. Les activités issues de ces bavardages, de ce désarroi, de ces contradictions, vont leur chemin, réduisant en morceaux des cultures, des communautés, des institutions sociales, des dogmes religieux. A travers ce bruit incessant, la révolution d'un nouvel ordre social est présenté comme si elle était quelque chose de réellement neuf, mais comme elle procède du connu au connu, elle n'est pas du tout un changement. Il n'y a de changement possible que par la négation du connu; alors l'action n'est pas conforme à une idéation, mais naît d'une intelligence en perpétuel renouvellement.
L'intelligence n'est pas un discernement, ou un jugement, ou une évolution critique. Etre intelligent c'est voir ce qui est. Or ce qui est, change constamment, donc une vision qui se fixe dans le passé cesse d'être intelligente. Le poids mort de la mémoire dicte alors l'action, non l'intelligence de la perception. La méditation consiste à voir tout cela d'un coup d'œil. Et pour voir il faut le silence, et de ce silence découle une action totalement différente des activités de la pensée. [..]
La révolution du silence (The Only Revolution), 1970, Juddi Krishnamurti


Spring, summer, fall, winter, and... spring (2003/Kim Ki-duk/Korea)
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